Journey Into Mystery

Journey Into Mystery

"Laisse nous prendre la route ensemble
quand la nuit est si proche de la terre qu'elle en tremble."

Un voyage c'est bien des étapes et des rencontres. Tout comme la vie qui n'est faite que de joie et de séparation, voici le carnet de bord de Fiddler's Green.
Tous ces souvenirs se perdront dans l'oubli,
comme les larmes dans la pluie...
- Blade Runner


"Dieu est un comédien jouant devant un public trop effrayé pour rire"
- Voltaire (1694-1778)


ThinkExist Dynamic daily quotation Locations of visitors to this page
free music
Archives
mars 2003
avril 2003
mai 2003
juin 2003
juillet 2003
août 2003
septembre 2003
octobre 2003
novembre 2003
décembre 2003
janvier 2004
février 2004
mars 2004
avril 2004
mai 2004
juin 2004
juillet 2004
août 2004
septembre 2004
octobre 2004
novembre 2004
décembre 2004
janvier 2005
février 2005
mars 2005
avril 2005
mai 2005
juin 2005
juillet 2005
août 2005
septembre 2005
octobre 2005
novembre 2005
décembre 2005
janvier 2006
février 2006
mars 2006
avril 2006
mai 2006
juin 2006
juillet 2006
août 2006
septembre 2006
octobre 2006
novembre 2006
décembre 2006
janvier 2007
février 2007
mars 2007
avril 2007
mai 2007
juin 2007
juillet 2007
août 2007
septembre 2007
octobre 2007
novembre 2007
décembre 2007
janvier 2008
février 2008
mars 2008
avril 2008
mai 2008
juin 2008

dimanche, juin 08, 2008

Retrouvailles.
Orléans, Alençon.
Je suis allé te voir cet après-midi. La journée était grise et lourde et je suis allé dans ce grand jardin de pierre. Pour toute indication je n'avais que "le jardin du souvenir". J'ai jeté un coup d'oeil hésitant sur quelques plaques et j'ai réalisé à quel point j'avais peur de lire ton nom. Les noms plus ou moins clairs à lire ne m'ont rien indiqué.
Un peu dépité et le souffle court, je suis allé voir quelqu'un qui s'occupait de l'endroit. Je l'ai vu ouvrir un long tiroir empli de fiches où tous ces noms étaient écrits, immuables pensionnaires de l'endroit. Il a cherché mais ne t'a pas trouvé et j'ai alors réalisé que ton nom nom était celui d'une femme mariée. Il m'a parlé du deuxième jardin du souvenir et m'a guidé dans les allées.
J'ai toujours aimé les cimetières. Ce sont des endroits de paix et de calme, des endroits où les vivants communiquent avec ceux qui sont partis, où ils peuvent penser et réfléchir sur leur vie qui continue malgré le vide laissé. Tout ici n'est que pour ceux qui restent, même cette improbable tombe en forme de téléphone portable que j'ai pu voir. Il y a cette vérité, cet instantané du temps qui passe, de ceux qui nous ont précédés et de ce qui nous attend inexorablement. Je n'ai jamais compris ceux qui avait peur des cimetières tu sais. Au contraire, on devrait faire comme les grecs qui mangent et boivent sur les tombes de leurs disparus. Pour qu'ils soient avec ceux qu'ils ont quitté l'espace d'une retrouvaille.
Il y avait peu de monde, une vieille dame penchée sur une tombe qui arrangeait les fleurs, déplaçant des pots et décorant de nouvelles fleurs cette pierre immuable. J'avais du mal à comprendre la personne qui me parlait. Il m'a juste montré le jardin, là où les personnes ont été incinérées. J'ai regardé ce grand cercle et toutes ces pages de vies passées, enfuies pour certaines, étaient devant moi. Mon regard passait sur elles, toutes noires et sombres comme le silence. Je me suis alors arrêté. Je t'ai vu ou tu m'as parlé par les mots que j'ai lus. Ton nom m'a frappé. Tu étais là, impassible mais tant emplie de vie. A jamais prisonnière, mais libre du souvenir qu'on emporte avec nous. J'ai souri. L'homme qui m'accompagnait est alors reparti, ne sachant trop quels mots trouver. Il m'a laissé seul avec toi.
Je l'ai vu partir et j'ai souri. Ta tombe est blanche. La seule de toute la rangée. Une lumière, un appel pour ceux qui veulent te trouver. Si on m'avait dit un jour que viendrais te voir sur ta tombe, j'aurais frémi je pense. Je regarde les chiffres: dans deux jours tu auras 35 ans. Je les ai fêté pour toi tu sais. Ensuite, nous avons parlé. Je t'ai raconté ce qui m'arrive, je me suis rappelé de la dernière fois où je t'ai vu, je t'ai fait des promesses que je tenterai de tenir celles-là.
Le vent caressait les fleurs blanches, roses et de toutes les autres couleurs de la vie. Le vent a fait percé le soleil, derrière moi la dame a commencé à s'occuper d'une autre tombe. Bien sur, quelques larmes ont perlé mais ce fut un bon moment, aussi bon que celui que je me m'étais imaginé des centaines de fois, intimidé par cette singulière manière de se retrouver.

Ce fut un bon bon moment. Un moment qui n'appartient qu'à nous, en attendant de te revoir dès que ma route repassera en Alençon. Je saurais te trouver tout seul cette fois.
A bientôt.